Édith Yah Brou est une blogueuse ivoirienne, née le 1ᵉʳ mars 1984 à Cocody, commune de la ville d’Abidjan. Elle est considérée comme l’une des figures les plus importantes de la sphère technologique de son pays, la Côte d’Ivoire.Pour nous éclairer sur l’état du E-commerce en Afrique, nous étions parti à sa rencontre.
RW: Que pouvez-vous nous dire du E-commerce ?
Edith: C’est un secteur qui est en pleine croissance en Afrique et qui a su s’imposer dans un marché marqué par la dominance de l’informel. Avec plus de 362 millions utilisateurs d’internet sur le continent et un changement d’habitudes de consommation opérées par des géants tels que Jumia, Afrimarket, CoinAfrique, Konga, Rupu ou MallforAfrica , le e-commerce connait une véritable ascension. Sa chaîne de valeurs est une opportunité de création d’emplois directs et indirects.
RW: A quel niveau se trouve l’Afrique ?
Edith: Avec l’explosion du mobile payement et L’accroissement de la classe moyenne africaine, ce secteur a connu un bond majeur. Même si beaucoup d’efforts restent à faire au niveau du rapport qualité/prix des forfaits data, de l’amélioration des infrastructures et de la couverture internet, de la baisse des taxes à l’import, de la logistique et des délais de livraison.
RW: Pensez-vous que le E-commerce peut largement contribuer dans le développement des pays Africains ?
Edith: Il peut largement y contribuer dans le sens où il permet de développer tous types de business sans besoin d’énormes entrepôts de stockages et facilite les transactions économiques de particulier à particulier ou en B toB ou en B to C
RW: Quels sont les pays africains les plus actifs dans le E-commerce ?
Edith: Je dirais le Nigéria, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
RW: Pourquoi d’autres pays hésitent encore ?
Edith: Ici, il n’est pas question d’hésitation mais dans certains cas de souplesse des législations en vigueur, de coûts d’opportunités, de la couverture mobile, de la facilité d’accès à Internet et des tarifs attractifs, des infrastructures et de la demande de consommation du marché local
RW: Quelles propositions pouvez-vous faire afin de voir le E-commerce trouver sa place dans le continent ?
Edith: Il faut juste une fiscalité beaucoup plus incitative à tous les niveaux, beaucoup plus de créations de contenus de qualité en ligne et donc beaucoup plus de consommation de data pour inciter les opérateurs à baisser les coûts d’accès à Internet, améliorer la couverture Internet, assurer des infrastructures de qualité
RW: Croyez-vous que sans le paiement mobile, l’Afrique sera toujours en retard dans le E-commerce ?
Edith: Je crois que chaque problème d’un africain est une idée de business. Nous arrivons toujours à nous adapter et à trouver des solutions locales et bien typiques pour faciliter notre existence sur le continent. On peut dire que le e-commerce existait bien avant le leap-frogging qu’a engendré le paiement mobile. Dans une forme primitive, on pouvait via des groupes Facebook se faire livrer des produits à la maison et payer en cash à la livraison. Méthode paiement qui a été d’ailleurs bien démocratisé par Jumia avant qu’ils intègrent le mobile paiement. Mais au stade actuel des choses et avec les chiffres générés par le mobile paiement en Afrique de l’ouest (Par exemple, Orange estime à 10 millions d’euros le volume journalier de transactions qui passe par son service Côte d’Ivoire), il est impensable, à mon humble avis de penser que le paiement mobile disparaitra. Je dirais même« hérésie » (sourire)
RW: Quelle pensée du E-commerce en Afrique pouvez-vous partager à l’endroit de ceux qui vous lisent à travers le magazine restraweb Mag?
Vous avez un ou des produits à vendre ? Un ordinateur ? Une connexion Internet ? Beaucoup d’amis et connaissances ?…C’est le moment de vous lancer. Google et Youtube grouille de ressources très utiles (Webinars, tutos, moocs) pour vous aider à devenir un as du e-commerce.
RW: Votre mot de fin et un mot concernant le Restraweb Mag qui est le premier magazine des TIC au Congo Brazzaville.
Edith: Je vous félicite pour cette initiative qui consiste à créer du contenu utile à fort impact social. Keep it up !