(Agence Ecofin) – Le 13 juillet 2019, le président de la République du Tchad, Idriss Deby Itno, a levé la restriction d’accès aux réseaux sociaux qui pesait sur le pays depuis plus d’un an.
Le chef de l’Etat a en effet instruit « les services compétents en matière de communication électronique de lever, avec effet immédiat, toutes les mesures de restriction des réseaux sociaux ».
La déclaration est survenue à la clôture du premier forum numérique du pays, baptisé Tchad numérique et ouvert deux jours plus tôt à N’Djamena sous le thème « 20 ans après la restructuration des secteurs des postes et des télécommunications : bilan, défis et perspectives ».
La nouvelle, qui a surpris les participants à la rencontre, a été accueillie avec une salve d’acclamations. Il faut souligner que l’accès aux réseaux sociaux, les internautes tchadiens en sont privés depuis le mois de mars 2018.
Tous ceux qui voulaient continuer à accéder aux applications sociales telles que WhatsApp, Facebook ou encore Twitter et Instagram étaient obligés de masquer le lieu de connexion affiché par leur adresse IP en utilisant des réseaux privés virtuels (VPN), outil gourmand en connectivité. Une situation qui rendait en quelque sorte les forfaits Internet plus onéreux pour une population où le taux de pénétration d’Internet est en dessous de 15 %.
La fin du blocage de l’accès aux réseaux sociaux au Tchad survient après plusieurs actions nationales et internationales engagées contre le gouvernement et les opérateurs télécoms.
En août 2018, quelques mois après l’entrée en vigueur du blocage, un collectif d’avocats tchadiens, dirigé par Me Frédéric Daïnonet, représentant les consommateurs et soutenu par l’organisation non gouvernementale Internet sans frontières (ISF), avait entrepris une action judiciaire contre les sociétés Airtel et Tigo. En septembre 2018, le collectif avait été débouté.
En janvier 2019, l’ISF a pris le relais à l’International en lançant cinq mois de protestation contre le blocage des réseaux sociaux. La bataille qui était composée de plusieurs actions fortes, notamment une campagne internationale diffusée en ligne et hors ligne, de manifestations à Paris et à N’Djamena, s’est achevée le 19 juin 2019.
D’après Idriss Deby, la mesure restrictive relative aux réseaux sociaux avait été prise pour des besoins sécurité nationale.
« Depuis quelques mois, l’impératif sécuritaire avait conduit le gouvernement à renforcer les conditions d’accès et les mesures de contrôle des communications électroniques (…) Ces mesures se sont imposées dans un contexte de menaces terroristes », a affirmé le président de la République dont l’ordre de levée du blocage a coïncidé avec l’inauguration du tronçon de fibre optique reliant N’Djamena à Adré, long de 1 047 km.
Muriel Edjo
Source: Agenceecofin